PASSION DES VINS

Côtes du Rhône, terroir de production...

Côtes du Rhône, terroir de production...

     Dans cette entité géographique et ex- provinciale que l'on dénomme la Provence et dont les limites fort étendues commencent dans la région des Côtes du Rhône Méridionales, aux alentours d'Avignon, pour se terminer à Nice, patrie du Bellet, on s'accorde à ressortir 3, voire 4 vins, que l'on distingue par leur grande spécificité et leur couleur : le Tavel (rosé) le Cassis (blanc) le Bandol (rouge) et les Côtes-de-Provence (rosé).

     Mais comme on le sait, chacune de ces appellations et quelques autres telles que Lirac, les Côtes du Rhône-Villages (17 crus), les Côtes du Rhône, les Côteaux d’Aix, Palette, Cassis, Bandol, les Côtes de Provence et Bellet, ... font les trois couleurs (rouges, rosés et blancs) dans des proportions fort variées. Seul, comme nous allons le voir, Tavel ne produit que du rosé et a été le premier à bénéficier de l'appellation pour le rosé, production exclusive de son terroir et que les producteurs ont tout naturellement mis en avant en faisant leur slogan promotionnel de cette antériorité de rosé, le désignant premier Rosé de France, à une époque où deux vins quasi seuls étaient des Rosés (les Anjou et les Côtes de Provence). Au demeurant, la qualité actuelle du Tavel, qui a connu au cours des temps quelques vicissitudes, lui vaut désormais, et toujours en se référant à l'histoire, le titre de premier rosé de France.

La vallée du Rhône, terroir de production des rosés

     La Vallée du Rhône, et davantage encore la Provence, sont les terroirs de prédilection des rosés qui représentent une tradition ancienne. Il existe dans les Côtes du Rhône Méridionales des terroirs à vin rosé, il s'agit de sols sableux et squelettiques. Produits surtout dans la partie méridionale des Côtes du Rhône, depuis Vinsobres dans la Drôme jusqu'à Chusclan et Laudun dans le Gard, les rosés de la vallée du Rhône ont une coloration plus marquée que celle des rosés des Côtes de Provence et de Tavel. Les vins obtenus du Grenache sont plus dorés, ceux du Carignan et du Mourvèdre plus pourpres. Le Grenache constitue en effet souvent la base des vins rosés, apportant alcool et rondeur, le Cinsault la finesse et les arômes, le Carignan la couleur vive et l'acidité. Voilà les 3 cépages principaux des Côtes du Rhône, complétés selon le cas par la Syrah et le Mourvèdre.

 

Lirac, cru réputé

     Il y avait là de la vigne au 6e siècle avant Jésus-Christ, apportée par les Grecs qui fondèrent Marseille. Puis les Romains la développèrent. Le “Grand Dolium”, actuellement à la Maison Carrée de Nîmes et trouvé à Saint-Laurent-des-Arbres (une des quatre communes de l'appellation avec Lirac, Saint-Geniès de Comocas et Roquemaure), témoigne de la présence d'un vignoble. A partir du port de Roquemaure les vins de Lirac étaient exportés, tant à Rome qu'à Paris et dans les pays nordiques. Pour attester de leur origine et éviter la fraude, les magistrats de Roquemaure authentifiaient les vins de la commune en apposant sur les fûts les lettres C.D.R., marquées au feu, signifiant “Coste du Rhône”. Les consuls de la commune se sont attachés durant des siècles à codifier la culture de la vigne, soucieux d'assurer la bonne qualité des vins.    

     Aujourd'hui, l'appellation Lirac s'étend sur un territoire de 1200 hectares de terrasses à cailloux roulés, sur des terres rouges graveleuses et des terrains sableux. Lirac est le seul Cru des Côtes du Rhône Méridionales à produire les trois couleurs de vin. Le Lirac rosé obtenu à partir des cépages Grenache, Cinsault, Clairette, Bourboulenc est un vin plein de finesse, de grâce et de parfum, à la couleur rubis clair. Les rouges aux bouquets très prononcés, amples et généreux, proviennent des mêmes cépages augmentés de Syrah et de Mourvèdre. Les blancs, très rares, obtenus à partir de la Clairette, du Grenache blanc, et aussi du Picpoul et de l'Ugni blanc, sont des vins fins et aromatiques. C’est avec ravissement que l’on découvre cette région au paysage typiquement provençal : mas, cyprès, chênes verts et pins.

 

Tavel, premier rosé de France

     Le Tavel est la seule appellation à produire uniquement du rosé, ce qui exige un encépagement rigoureux, une vinification stricte et une surveillance de tous les instants. La grande variété des sols permet aux cépages de s'exprimer diversement. Ainsi les terroirs sont constitués soit de sables, soit d'alluvions à argile rouge et cailloux roulés, ou encore argile sur calcaire. L’encépagement comportait autrefois une proportion notable de cépages blancs. Le Grenache rouge s’y est taillé un rôle important depuis une cinquantaine d'années ; avec la Syrah et le Cinsault, il domine maintenant les cépages blancs que sont la Clairette et le Bourboulenc.

     Le vin de Tavel est tout à fait spécifique. Rosé profond presque rubis, il prend des reflets dorés avec l'âge. Puissamment corsé sous une chair de velours, il déploie beaucoup de vigueur mais possède en même temps une fine suavité qui enveloppe son caractère sec. Fruité à l'envi, il exhale une note discrètement poivrée et un joli bouquet où se mêlent fleurs et fraises des bois. Vin racé doté d'une bonne capacité de vieillissement, qualité rare pour un rosé, il s'exprime pleinement dans sa deuxième ou troisième année. Dans la région, la conjonction en proportions spécifiques de terrains à cailloux roulés, de sable et d'argile rouge mêlés de débris calcaires n'appartient en réalité qu’à Tavel. Comme dans tous les vignobles méditerranéens, l'originalité du vin provient de l'utilisation simultanée et constante de plusieurs cépages. Ici, la générosité et la souplesse du Grenache sont complétées par l'élégance des Clairette et Bourboulenc, cépages blancs, et le tout est relevé par la Syrah très aromatique. Technologiquement, depuis toujours, les cépages composant le vin de Tavel subissent avant toute fermentation une macération à froid de quelques heures, ce qui permet d'obtenir une intensité de la couleur et une expression aromatique qui n'appartiennent qu’à ce vin rosé. Dans les premiers mois qui suivent sa naissance, le Tavel a une robe rose-claire vive. Au premier été apparaît dans la lumière une fine nuance jaune, marque de l'âge qu’accentue le temps jusqu'à des reflets cuivrés. L’arôme de jeunesse est fait de parfums floraux, de petits fruits et d'amande fraîche. Après six mois, il évolue vers des nuances odorantes de fruits à noyaux très mûrs et d'amande grillée. Bien plus tard, l'ensemble est dominé par un complexe moins original, mais plaisant pour certains, comportant des odeurs de madère et de réglisse noire.

     En dégustant un Tavel, il faut oublier toutes les idées reçues sur le vin rosé. Ici, il ne s'agit pas d'un vin léger de pique-nique ou de repas froid, mais d'un vin sec, plein et séveux.

 

Les Côteaux-d ‘Aix-en-Provence ou les côteaux du Roy René.

     Le roi-vigneron René d'Anjou avait apporté la Provence à la couronne de France, une Provence viticole déjà. Lui-même cultivait des vignes autour de sa capitale, Aix-en-Provence. Ces vins, qu’ils soient rouges (60%), rosés (35%) ou blancs, à peine (5%) furent connus fort longtemps sous l'appellation de Côteaux du Roy-René. Depuis 1956, leur dénomination est Côteaux-d'Aix-en-Provence. Appellation d'origine contrôlée depuis 1985, on les désigne sous ce nom. Ce terroir délimité des Côteaux d’Aix couvre 2200 hectares avec un vignoble jeune (80?s vignes sont âgées d'une vingtaine d'années) qui va de la Montagne Sainte-Victoire célébrée par Cézanne jusqu'à la chaîne des Alpilles tout imprégnée des souvenirs de Frédéric Mistral et du Félibrige. Abrités du mistral les Côteaux d’Aix, profitant d'un ensoleillement et d'un climat prédestinés, laissent mûrir des vins de belle charpente où le profond et le brillant de la robe s’harmonisent avec un bouquet d'arômes fruités et floraux.        Issus de terrains argilo-calcaires les vins rouges charpentés et fruités représentent la plus grande partie de la production. Ils sont particulièrement appréciés entre deux et quatre ans. Les vins rosés sont souples et fruités. Ils accompagnent parfaitement des plats de caractère comme l'aïoli ou la bourride. Les vins blancs, produits en petite quantité, sont secs, fins et parfumés. Afin d'obtenir une meilleure extraction des arômes, les vins rosés et blancs sont vinifiés à basse température, 18° environ. Les Côteaux-d’Aix-en-Provence vont porter loin dans le monde leur message de qualité puisque quelques 20 à 25? la production se retrouvent sur les tables des consommateurs américains, allemands, anglais, belges et suisses. Le reste est bu sur place. Le vignoble se situe essentiellement sur le département des Bouches-du-Rhône, où 47 communes ont des terrains délimités et, pour 2 communes, sur le département du Var. Dans cette région, l'ensoleillement est intense. La pluviométrie se caractérise par deux périodes de pluie plus denses au printemps et à l'automne. Les températures sont très chaudes en été et parfois très basses en hiver. On se souvient des hivers de 1956, 1962 et 1985, où des températures de l'ordre de moins 20 °C ont été notées. Dans le but de promouvoir les vins des Côteaux-d’Aix-en-Provence, des personnalités aixoises ont créé en 1969 la Confrérie des Echansons du Roy René, qui s'attache à faire connaître au cours de ces chapitres l'Art de vivre au pays d’Aix, la qualité de ses produits, dont les vins, et la joie innée de ses habitants, associée à l'esprit littéraire, artistique et scientifique de la cité. La confrérie s'est attachée à faire revivre la confrérie bacchique que le Roy René avait créée, voilà 500 ans, donnant à son Grand Maître le droit à l'épée.

 

L'appellation Palette et le Château Simone.

     C'est un grand vin ce Château Simone de l'AOC Palette, appellation confidentielle (22 hectares d'aire délimitée, dont 17 hectares pour le vignoble de Château Simone). Sur la commune de Meyreuil, à 5 km d’Aix-en-Provence, l'élégant Château Simone, à la belle architecture du XVIème siècle, se niche dans un cadre remarquable. Là, protégé des vents de l'est et du sud, sur les côteaux de Montaiguet, un vignoble de 17 hectares bénéficie d'un micro-climat exceptionnel. Les forêts qui l'entourent, la Sainte-Victoire qui le domine, la rivière l'Arc, qui le traverse, tout cela constitue pour la vigne des conditions particulièrement propices : l'exposition nord des côteaux et le sol d'éboulis calcaires sont des facteurs naturels déterminants pour la production de vins originaux de grande classe issus des cépages Grenache, Cinsault, Mourvèdre et de quelques vieux cépages provençaux pour les rouges et rosés, et de la Clairette pour les blancs.

     Château Simone possède de remarquables caves creusées dans le roc pour la conservation de ses vins. Les vins rouges sont de très belle tenue, chauds et corsés. Leur richesse en tanin est assurée par une cuvaison relativement longue. Ils atteignent une très grande finesse d'arômes après un vieillissement de 3 ans en petites futailles, mais s'épanouissent encore en bouteilles de longues années. Les vins rosés (20? la production) élaborés à partir des mêmes cépages que les rouges (Grenache, Cinsault et surtout Mourvèdre) sont obtenus par pressurage direct et par courte macération. Nerveux, d'une très belle couleur rubis, particulièrement complets dans leur structure, ils ont en outre la faculté de pouvoir se conserver assez longtemps en bouteilles. Les blancs ont beaucoup de distinction. On peut assurément prétendre que la nature a rassemblé dans ce site de Palette tout un ensemble de facteurs particulièrement favorables à la production de vins originaux qui, par leur finesse et leur puissance aromatique, sont à la hauteur des grands vins de France.

Cassis, un beau vignoble proche de Marseille.

     Cassis, c'est un port de villégiature dans les Bouches-du-Rhône, près de Marseille. Cassis, c’est aussi le nom d'un vin qui a été l'un des tout premiers, en 1936, avec Arbois et Châteauneuf-du-Pape, à bénéficier d'une appellation d'origine contrôlée. La ville, qui s'est beaucoup développée (c'est la banlieue de Marseille), s’étend en demi-cercle. Elle est entourée de hautes collines où poussent le pin d’Alès, le chêne Kermès, la bruyère, le genêt, le thym, le romarin et le myrte.

     Deux promontoires servent de limites à la ville entre la commune de Marseille d'un côté et celle de La Ciotat de l'autre ; à l'ouest la pointe de la Cacau peu élevée, à l'est le Cap Canaille aux abruptes falaises. On a ainsi à Cassis la réunion de deux sites bien différents : celui de la montagne et celui de la mer. Cette situation explique le climat privilégié dont jouit Cassis : les forts vents frais du nord-nord-ouest et nord-est (Tramontane, Mistral et Gregal, vent de la région), dominants dans la Basse-Provence en hiver, n'y sont pas ressentis, étant arrêtés par l'écran des collines. En été, les petites brises soufflant du sud et de la mer rafraîchissent la température. Tout cela crée un micro-climat particulièrement bénéfique à la vigne, et les Grecs ne s'y sont pas trompés, qui implantèrent la vigne sur ce site. La vigne et le vin n’ont cessé, depuis plus de 2000 ans, d'être présent à cassis. Les meilleurs côteaux sont réservés aux cépages qui constituent l'essentiel des surfaces du vignoble, cinq blancs et quatre noirs, avec une superficie et un rôle bien particulier, des origines très diverses, mais une prépondérance de cépage de haute tradition méridionale et aussi, chose exceptionnelle en Provence, des cépages blancs. Les « climats » du vignoble cassidain sont, dans l'ensemble, favorables aux raisins blancs de qualité, mais l'ampleur des surfaces correspond surtout au choix des hommes. Sur les neuf cépages, quatre ont une place prépondérante, deux noirs et deux blancs, cépages de base des vins AOC Cassis : Ugni blanc et Clairette blanche, Cinsault et Grenache. Le Cinsault, dans les rouges et les rosés, apporte la souplesse et le moelleux qui manquent aux autres cépages noirs. Si la production des vins blancs prédomine (55%), celle des rouges et des rosés (45%) occupe une place appréciable.